mardi 31 mars 2015

Écriture automatique 1°

30/03/2015/15:48/16:16


- La choucroute empaffée -


          C'est l'histoire d'une vieille dame si bien échafaudée qu'elle n'entrait pas les portes, ni les encadrements. Jamais elle n'a trouvé une queue de souris, ni identifié des mécanismes génétiques. Ce qu'elle faisait, tout simplement, c'était tremper le manteau de son mari dans la cire et le mettre au micro-onde. Peu de choses la retenaient sur cette Terre, si ce n'est l'horrible tarentule qui gisait dans le tiroir, et hormis sa fille au pair qui s'occupait de son chien, Mimine. Elle gardait peu ou prou tous ses sachets de thé, bien qu'elle ne sût pas ce qui se passerait lorsqu'une bombe atomique exploserait au dessus du cratère de ses désirs. Pour l'instant, elle riait seule ou avec son mari, quand elle n'était pas pressée d'aller s'ouvrir à la cagnotte de la semaine, à livre ouvert. Certes, elle se fourvoyait rarement quant aux conséquences du tort couplé à autrui, mais rien ne l'obligeait non plus à trouver la parade effarante à une telle expérience. Peu de choses la retenaient en ce monde. Sacré comme un caporal, son mari la voyait s’accommoder au Maggi-Kub, enturbannée entre soupe et liqueur. Que devait-elle penser de tous ces écrits produits sur le coin du comptoir, hors du monde mais forts d'une ignorance protégée ? Rien n'était plus vide – qu'elle même. Sortie à l'aéroport, elle couvrait le feu. Une fois rentrée, elle pestait sur Mimine qui n'avait d'aise que sur ses genoux. A quoi bon ouvrir la gueule si c'était pour crever dans le désert ? Rien ne l'intéressait plus que former au point de croix deux ou trois de ses amis qui l'attendaient là, sur le seuil. Ce seuil, c'est le divorce ; l'incroyable force des orteils brisés, les branches écartées d'une brochette mutilée. Faire fi de ce foisonnement s'oublie sitôt qu'il n'y aura jamais de rencontre réelle entre la forme des choses et celle-ci. Tout ce qui sort de ce conflit c'est des larmes. Mais elle était forte de ce qu'on lui avait interdit, dans un refus effronté de l'embrassement qu'on lui proposait, préférant l'embrasement des consciences qu'on ne lui a jamais demandées. Seule, elle gardait Mimine à ses pieds, après avoir jeté son mari dehors. Il criait à la fenêtre qu'il ne la marierait jamais, la monte-en-l'air. Peu de choses la retenaient désormais. Rien que l'oubli, si ce n'était ces petites flaques, rougeâtres et formidables, éclatantes hors de cet amas opaque. 
Elle n'échappait pas à ces courbatures qui perdraient du sens sitôt qu'elle se serait envolée. Pourvue de son couvre-chef, elle regardait Mimine en parlant d'abricots, elle était foutue. Bien loin de là on s'effritait, s'aiguisait, s'écharpait en fils de nylon écrasants. Peu, peu, si peu de choses. 
Fourbue, elle sortit enfin pour clamser dans le noir. Mais là encore, l'inquiétude la retenait, fière et dépassée, perdue autant qu'elle savait se repérer sur une carte. Chère à son cœur, elle souhaitait que sa sœur fit avec elle un grand pas ; mais elle se souvint qu'elle n'en avait pas. Pire, c'était Mimine qui était là, jappant, fermant sa gueule. Elle aperçut Pierre Olivier Cardin, qu'elle laissa passer sur son tapis roulant avant de le chevaucher pour se retrouver de l'autre côté. Elle s'était nourrie toutes ces années et prenait maintenant les devants. Elle perdait la foi. Elle formulait si peu ce qu'on aime qu'elle sortait par bien des aspects de l'ordre auquel on était contemplativement cantonné. Certes, elle souffrait, mais il y avait Mimine, qui jappait et fermait sa gueule.


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